Axe MINOS │ Historique
Constitué pour le contrat sexennal 2019–2024 de l’ex-équipe Nanomatériaux inorganiques (NINO) ainsi que de la majeure partie de l’ex-équipe Procédés hautes pressions – hautes températures (HP-HT) du contrat quinquennal 2014–2018, l’axe MINOS tire de façon prégnante ses origines du Laboratoire des Hautes Pressions créé ex materia en 1948 sur le site du CNRS Bellevue à Meudon et réunifié en 2011 sous le nouvel intitulé Laboratoire des Sciences des Procédés et des Matériaux sur le campus de l’université Sorbonne Paris Nord à Villetaneuse.
- De 1948 à 1969 | Un laboratoire précurseur à plusieurs égards
- De 1970 à 2010 | Une transformation dans le temps et l’espace
- Depuis 2011 | Un cadre de recherche renouvelé et élargi
De 1948 à 1969 | Un laboratoire précurseur à plusieurs égards
Le Laboratoire des Hautes Pressions (LHP) a été créé en 1948 sous la direction de Boris Vodar (1910, Saint-Pétersbourg – 1982, Paris) sur le site de Bellevue à Meudon, berceau de la recherche appliquée en France (1919) puis du CNRS (1939), en extension du Laboratoire de Physique-Enseignement de la Sorbonne datant de 1868. Ce laboratoire a permis d’exploiter le paramètre pression pour explorer de nombreux domaines scientifiques : des matériels spécifiques (p. ex. presses à enclumes glissantes) y ont été conçus et mis en œuvre ; des techniques de spectroscopie dans l’ultraviolet lointain y ont été développées ; les recherches sur les substances moléculaires y ont été étendues à l’étude de leurs transitions électroniques, rotationnelles et vibrationnelles ; l’argon supercritique y a pour la première fois été étudié sous onde de choc ; les propriétés de transport y ont été mesurées dans de larges gammes de température et de pression, comme de nombreuses autres dans les domaines de la spectroscopie, de la thermodynamique, de la physique des solides et de la biologie. La plupart des thématiques de recherche engagées au LHP, telle la synthèse du diamant ou l’étude de couches minces, sont toujours d’actualité.
Cette création de laboratoire sur un site propice au développement de grands équipements scientifiques préfigurait par ailleurs les transferts de laboratoires de la Sorbonne vers les campus d’Orsay et de Jussieu à partir de 1956. La double appartenance au laboratoire de la Sorbonne et à ce nouveau laboratoire du CNRS préfigurait quant à elle la création en 1966 des laboratoires associés du CNRS, initiateurs des actuelles unités mixtes de recherche entre de nombreux organismes de recherche et une université ou un partenaire industriel, devenues factuelles briques de base de l’organisation de la recherche en France.
Exemple d’article illustrant la double appartenance des premiers membres du laboratoire
Jean Saurel, le fondateur de l’université Sorbonne Paris Nord, avait, pour sa part, débuté sa carrière au LHP
Le dynamisme du directeur du LHP a eu de nombreuses répercussions à l’échelle internationale ; Boris Vodar a notamment été le co-fondateur des associations internationales AIRAPT (hautes pressions) en 1965, dont il devint le président pendant 12 années consécutives, et IAPS, actuelle IAPWS, en 1968 ainsi que du comité Codata de l’International Council of Scientific Unions, actuel International Science Council, en 1966, dont il devint le 2e président. Sa figure inspire toujours le plus profond respect.
Le Centre Boris Vodar a hébergé l’AIRAPT au Creusot à proximité de l’Académie François Bourdon
De 1970 à 2010 | Une transformation dans le temps et l’espace
Après la scission en 1970 de la faculté des sciences de l’Université de Paris qui donne naissance aux universités Paris VI (Pierre-et-Marie-Curie), Paris VII (Paris Diderot), Paris XI (Paris Sud) et Paris XIII (Paris Nord), le LHP se scinde en 1972 entre Laboratoire des Interactions Moléculaires et des Hautes Pressions (LIMHP) à Bellevue sous la direction de Boris Vodar et Laboratoire des Propriétés Mécaniques et Thermodynamiques des Matériaux (LPMTM) à Villetaneuse sous la direction de Georges Saada (1932, Sfax – 2019, Paris).
Vues d’ensemble et partielle d’un spectrographe UV du LIMHP en 1973
Un Service de diffusion de la technologie des matériaux (SDTM) associant le LIMHP au Laboratoire de Physique Cristalline à Orsay (dir. Jean-Pierre Chapelle), aujourd’hui intégré à l’Institut des Matériaux Jean Rouxel de Nantes, et au Laboratoire de Chimie du Solide à Talence (dir. Paul Hagenmuller), actuel Institut de Chimie de la Matière Condensée de Bordeaux, est mis en place par le CNRS en 1974 pour faire bénéficier la communauté scientifique de leurs compétences croisées en matière de cristallogenèse de matériaux solides.
En 1977, le LIMHP est à son tour transféré en grande partie à Villetaneuse dans un bâtiment dédié du CNRS, œuvre de l’architecte Adrien Fainsilber complétant son projet toutefois inachevé de création d’une ville universitaire dans la plaine de Villetaneuse, à l’entrée duquel se trouve depuis son décès en 1982 une stèle commémorant le fondateur du LHP (cf. image ci-dessous) et devient Laboratoire d’Ingénierie des Matériaux et des Hautes Pressions en 1986 sous la direction de Bernard Decomps (1936, Metz – 2016, Paris). Ce laboratoire est notamment membre fondateur de l’Association Française de l’Hydrogène (actuelle association France Hydrogène) créée en 1998 pour promouvoir le développement et l’utilisation de l’hydrogène en tant que combustible n’émettant pas de gaz à effet de serre et potentiellement non polluant.
Les dernières équipes haute pression du CNRS Bellevue rejoignent le campus de Villetaneuse en 2003 ; elles sont à l’origine du rattachement à CNRS Chimie en secondaire du LIMHP et du LPMTM, unités propres de recherche rattachées à CNRS Ingénierie en principal.
Vue de l’entrée du bâtiment CNRS (bât. L1 du campus) rénové en 2002 pour accueillir une équipe HP du CNRS Bellevue
Depuis 2011 | Un cadre de recherche renouvelé et élargi
La fusion du LIMHP et du LPMTM opère la réunification du laboratoire en 2011 sous l’intitulé Laboratoire des Sciences des Procédés et des Matériaux (LSPM) distinctif au sein de l’université Sorbonne Paris Nord. L’implication active du LIMHP et du LPMTM dans la création en 2007 de la Plateforme régionale de frittage flash (SPS) à Thiais vaut au LSPM d’être aujourd’hui co-propriétaire de cette plateforme au profit des axes MINOS et MÉCAMÉTA, en bonne articulation avec la plateforme régionale CARAMÉL implantée quant à elle en son sein et dotée d’un ensemble unique d’équipements acquis en partie au titre du projet SESAME 2013 éponyme de la région Île-de-France et issus sinon des ressources HP fluides de l’axe MINOS.
La pérennité du cœur de métier haute pression cher à Boris Vodar et synonyme d’avancées scientifiques récurrentes comme de levée fréquente de verrous technologiques quant à l’élaboration de matériaux nouveaux, est assurée, en termes de compétences et d’excellence (p. ex. 8 articles dans les revues Nature et Science prises en compte dans le très médiatisé classement de Shangaï), par des chercheurs relevant ces dernières années exclusivement de l’INC (section 15 du CoNRS très précisément) et appartenant tous à l’axe MINOS, et, en termes de ressources et de spécificité, par un parc d’équipements conçus et réalisés en interne quand nécessaire et alors uniques à l’échelle européenne. À l’instar du Laboratoire Aimé Cotton de l’Université Paris-Saclay, ex-Laboratoire du grand électro-aimant de Bellevue plus connu aujourd’hui au titre de la spectroscopie atomique par exemple, et comme entrepris en leur temps par Georges Saada et Bernard Decomps, de nouvelles thématiques de recherche ne cessent en outre d’émerger au LSPM en général et dans l’axe MINOS en particulier, telle celle portant sur la valorisation de la biomasse.
Exemple de tweet relayant l’actualité de l’axe MINOS